Le beau langage des start ups et investisseurs
Dans cette période de “comm” où la vitrine est parfois tout (et la seule chose qu’ il y a réellement) histoire de pouvoir utiliser la méthode Coué et de chanter “Tout va très bien Madame la marquise”, le langage est extrêmement important.
Qui dit langage dit depuis quelques temps “éléments de langage”.
Les “ éléments de langage” sont une expression qui a priori vient de la politique actuelle mais qui dans certains domaines, comme celui des start-ups et des sociétés fun, jeunes, flash et cools se répand à travers les “acteurs” du domaine considéré avec les phénomènes habituels décrits dans “Psychologie des foules” de Le Bon ou “Rumeurs” de Kapferer (voir à la fin de cette note).
Voici une petite liste non exhaustive d’ éléments de langage de start-ups et d’ investisseurs, tellement utilisés à tort et à travers qu’ ils ne veulent plus rien dire et sont parfois utilisés pour signifier exactement l’ inverse de l’ idée initiale qu’ ils véhiculent.
prendre un ticket = investir, prendre une participation –> des gens qui achètent 3 actions à la bourse ou que leur banque arrive à convaincre d’ investir dans tel fond ISF (lire Start-ups et investissement réduction ISF: le grand bazar ) disent aussi “prendre un ticket”
prendre du recul = arrêter de travailler ou de s’ investir dans une start-up mais le start-upper n’ utilise pas de langage de recul en France donc quand il arrête quelque chose, il continue de “prendre” du recul –> se dit aussi quand la boîte coule
monter sa boîte = créer une société --> pour le start-upper, il s’ agit souvent de “réfléchir” à un concept et d’ être dans la phase agréable où le monde entier l’admire parce qu’ il ose et qu’ il “monte” (A noter qu’ en France, mieux vaut monter – un effet ultime de la sagesse de Clémenceau ;-)) - plutôt que de gérer une société … chose qu’ il faudrait creuser si des gens sérieux veulent un jour comprendre la véritable nature des différences avec l’ Allemagne .. ou faire en sorte que l’ enseignement de la création d ‘ entreprise soit + efficace en France .. Tout n’ est pas perdu puisqu’en athlétisme ou en natation, en France, on apprend encore à courir ou à nager AVANT d’ apprendre à plonger ou à utiliser les starting blocks ;-)))
lever des fonds = trouver des investisseurs ou “partenaires financiers” (voir ci-après) –> en fait il s’agit souvent de démarrer ou de sauver la société car bcp de start-ups n’ imaginent même pas qu’ une société peut (et devrait non ?? ) vivre sur ses “bénéfices” (notamment dans le service) sans obligatoirement à tous les coups de toutes façons avoir des INVESTISSEURS
partenaire financier = investisseur –> désigné comme “partenaire” cela empêche l’affrontement ou l’ idée d’avoir quelqu’un “derrière” ou “dessous” et donc de n’ être qu’ une marionnette suspendue à un fil .. A noter qu’ en France, comme peu d’ investisseurs aiment dire qu’ ils se sont faits avoir, cette dénomination leur convient aussi
board ou conseil d’administration = assemblée des actionnaires de l’entreprise –> alors qu’ il n’y a pas de “board” ou de “conseil d’ administration” pour pas mal de structures juridiques (comme les sarl), ces 2 mots “le font” (un autre élément de langage) et sont utilisés pour faire sérieux
patron, pdg, directeur général, fondateur = autant de dénominations pour désigner le “boss” au grand jamais “gérant” même dans une SARL car ça fait trop épicier
valoriser la boîte = donner une valeur à la société –> indiquer le prix auquel on voudrait la vendre, ce qui est souvent le but de la création; en effet dans le monde de la start-up française, on crée rarement pour essayer une idée ou pour “remplir un besoin” mais très souvent avec comme but à la base de vendre la société à une dupe (ce dernier mot étant un élément de langage des mémoires de casanova, livre oh combien intéressant sur les start-ups du 18ème siècle comme la Loterie Nationale ou autres ;-))
vendre sa boîte = expressions souvent utilisée pour signifier qu’on a définitivement “pris du recul” et même utilisée quand l’affaire finit au tribunal pour être reprise pour 1 euro ou qu’elle est récupérée à la casse
faire du sens = expression issue de l’ anglais et qui ne veut plus rien dire en français car même l’absence de sens est un sens dans lequel on s’engage; l’ utilisation de cette expression amène souvent des hochements de tête de l’ interlocuteur qui hésite souvent à poser des questions de peur d’ être idiot ou qui ayant envie de synchroniser avec le star-upper acquiesce dans ce but (après tout, seulement 8% de la communication entre les gens passe par le sens des mots ;-))
slides = pages de power point ; “quelques slides” devient donc la “présentation du sujet ou du problème” et dans beaucoup de cas sa “résolution” puisque “tout problème évoqué" est “résolu” dans la logique de la comm
buzz = taper sur des tambours pour faire parler de soi ou de la start-up –> la plupart du temps on confond “faire du buzz” avec “ça intéresse les gens” ou “tout le monde en parle” avec “tout le monde cherche à ce sujet”
Bon là il est temps d’aller regarder la télé our découvrir les nouveaux éléments de langage de la croisade en Libye mais la nuit amènera sans doute d’autres termes des start-ups ;-))
Voir aussi un peu dans le même genre : Pourquoi a-t-on l' impression que les entreprises ne comprennent rien au web actuel ?
Le beau langage des start ups et investisseurs dans Création d'entreprise, Développement d'entreprise, Economie du web et de l'Internet | mars 23, 2011 | Commentaires (1) | TrackBack (0) | Tweet
Commentaires sur: Le beau langage des start ups et investisseurs
Ah, ça faisait longtemps que vous aviez pas tapé sur les start-up françaises :)
Vous avez oublié un élément de language qui m'a fait rire récemment : "accrocher un poster" => se dit des investisseurs qui "prennent un ticket" dans des boites matures et connues comme Facebook, Zynga, etc, juste pour pouvoir les afficher dans leur palmarès et dans les couloirs de leur bureaux ;)
"en effet dans le monde de la start-up française, on crée rarement pour essayer une idée ou pour “remplir un besoin” mais très souvent avec comme but à la base de vendre la société" => là vous êtes franchement pénibles par contre, c'est vraiment du préjugé gratuit. Quiconque s'est intéressé aux start-up sait que les fondateurs qui réussissent n'avaient aucune motivation financière, mais des motivations sur leur produit. Monter une start-up et en faire une vraie entreprise saine est bien trop difficile et douloureux pour ceux qui veulent l'argent facile rapidement... Je vous recommande de lire "Founders At Work" par exemple, très intéressant.
Olivier
Rédigé par : Olivier | 23 mar 2011 23:33:59
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